Les réseaux sociaux, le nouveau canal d’information des jeunes générations

Aujourd’hui, 62 % des Français s’informent via les réseaux sociaux, et c’est d’autant plus le cas chez les plus jeunes générations*. Selon une étude réalisée par Ipsos et Sopra Steria en 2022, 73% des 16-30 ans utilisent un réseau social ou un média en ligne pour s’informer quotidiennement. Cette préférence pour les réseaux sociaux comme source d’information reflète une évolution majeure dans la manière dont les jeunes consomment et interagissent avec l’actualité.

Anxiété et informations

Les jeunes attachent plus d’importance à leur santé mentale que leurs aînés, pour qui la notion de « santé mentale » est encore relativement nouvelle. En conséquence, ils cherchent de plus en plus à éviter l’exposition à une actualité souvent perçue comme stressante et anxiogène. Une étude de l’Observatoire régional de santé révèle que près de 2 adolescents sur 5 préfèrent éviter l’actualité et adoptent une démarche d’« évitement sélectif global de l’information ». Pourtant les jeunes s’informent bel et bien. La nuance est surtout qu’ils préfèrent choisir eux-mêmes le moment où ils s’informent et quelles informations ils souhaitent recevoir. Les réseaux sociaux deviennent ainsi le canal privilégié : les jeunes sont maitres de ce qu’ils souhaitent ou ne souhaitent pas suivre. Et si une information trop anxiogène se retrouve par inadvertance dans leur fil d’actualité, la jeune génération peut facilement passer à un autre contenu d’un simple « swipe ».

Les influenceurs d’actualité : une appellation large et avérée ?

Dans ce paysage médiatique en mutation, les influenceurs de l’information deviennent les nouveaux visages de l’actualité, captivant une audience croissante avec leurs analyses et leurs commentaires sur les événements du monde. Des figures tel qu’Hugo Décrypte se démarquent par leur capacité à fournir une perspective unique et personnalisée sur l’actualité.  D’ailleurs, 24 % des 18‐34 ans disent s’informer via des influenceurs (Baromètre :  Kantar/La Croix, 2023).  Parallèlement à l’émergence des influenceurs individuels, des médias entièrement dédiés aux réseaux sociaux voient également le jour. Des plateformes comme Brut, Konbini, et Loopsider proposent un contenu d’actualité exclusivement conçu pour les plateformes numériques, offrant ainsi une alternative aux médias traditionnels. Sur certains réseaux sociaux, tels que X et LinkedIn, ce sont encore les journalistes et les médias traditionnels qui rassemblent les plus fortes communautés. Ainsi « les influenceurs d’actualités » rassemblent différentes typologies de personnes et entités. Mais est-ce qu’il est judicieux de déclarer que pour s’informer sur les réseaux sociaux, les jeunes passent uniquement par des profils cadrés « actualités » tels que les médias, traditionnels et nouveaux, les journalistes et certains profils plus personnalisés ?

Les algorithmes des plateformes : les pourvoyeurs de la bonne parole ?

Les algorithmes jouent un rôle déterminant dans la sélection et la hiérarchisation des informations que les utilisateurs voient sur les réseaux sociaux. Même si ceux-ci sont différents d’un réseau à l’autre, nous retrouvons une certaine tendance partagée par la majorité des réseaux sociaux.  Il existe ainsi une certaine personnalisation des contenus proposés basés sur les intérêts personnels. La viralité est également un critère dans la dispersion d’un contenu particulier sur les réseaux sociaux. La visibilité d’une information sur les réseaux sociaux est donc largement influencée par les algorithmes. Néanmoins, ceci n’indique pas forcément que les jeunes prennent pour « argent comptant » ce qu’ils voient sur les réseaux sociaux. Au contraire, certains affirment qu’ils préfèrent faire des recherches complémentaires annexes sur certaines informations qu’ils ont pu connaitre sur les réseaux sociaux.

Les réseaux sociaux ne sont ainsi pas seulement des plateformes de divertissement pour les jeunes générations. Ils sont devenus des acteurs majeurs de l’information, redéfinissant le paysage médiatique français.  Alors que les jeunes s’orientent de plus en plus vers les réseaux sociaux pour s’informer, les médias traditionnels doivent explorer de nouveaux modèles économiques pour maintenir leur attractivité. Certains médias développent ainsi des contenus dédiés aux différents réseaux sociaux afin de capter un maximum d’audience. On retrouve ainsi des médias traditionnels (Le Monde, le Parisien, RFI,…) dont le nombre d’abonnés peut atteindre plusieurs millions de personnes sur certains réseaux sociaux, démontrant leur démarche de prendre le pli des nouveaux usages des jeunes générations.

Par Jeanne Weinand, consultante en relations presse, Comcorp – Groupe Antidox

*(Guénaëlle Gault, David Medioni, Enquête « Les Français et la fatigue informationnelle », L’ObSoCo, Fondation Jean-Jaurès, ARTE, juin 2022